« Venez à l’écart et reposez-vous un peu… »
Mc 6.31
L’Esperluette, c’est quoi ?
Il y a des projets qui émergent au carrefour de l’audace et de l’évidence. Un jour, on s’aperçoit que ce qu’on portait en soi depuis longtemps et qui s’est développé au travers d’un parcours de vie en appelle à un jaillissement. À devenir lieu. C’est dans cet élan que
l’Esperluette est en train de naître.
Une esperluette, c’est ce petit signe « & » qui relie les choses entre elles : les mots, les idées, les personnes. C’est un lien.
Depuis plusieurs mois, nous cheminons avec cette conviction, celle de créer un espace, un lieu qui fasse lien, simple et habité, où
la vie spirituelle puisse s’enraciner, se nourrir, s’épanouir. Un lieu de prière, de silence, de parole. Un lieu de halte et de traversée.
L’Esperluette, c’est donc une vision. Une vision de la vie spirituelle comme un chemin de lenteur et de profondeur. Une vision de l’accueil comme une manière de vivre l’Évangile. Une vision de l’Église comme un corps ouvert, respirant, traversé de prière et de service.
Nous y vivons des offices quotidiens, des retraites silencieuses ou guidées, des temps de fraternité et de prière partagée, des formations… Nous y proposons une écoute sans condition, un accompagnement bienveillant dans les étapes de la vie, un soutien pour les chercheurs de sens, les jeunes ou moins jeunes, les couples, les pasteurs…
Nous y publions et cultivons — la parole, la terre, la beauté.
Ce lieu, nous le concevons enraciné dans une tradition protestante hospitalière, ouverte aux autres traditions chrétiennes, comme à toutes les personnes en quête d’un Dieu qui se dit dans le silence, dans la simplicité, dans l’amour.
Nous croyons que de tels lieux sont importants aujourd’hui. Parce que nos vies sont souvent fragmentées, pressées, tiraillées. Et qu’il est bon de revenir à l’essentiel. De s’arrêter. De respirer. De se laisser rejoindre.
L’Esperluette est en commencement. Il reste encore beaucoup à faire, à bâtir, à apprendre.
Un nom et un logo

L’Esperluette, c’est un projet, un lieu, mais avant tout un désir d’être en lien. En lien avec Dieu, avec les autres, avec la nature et avec soi. Son nom, inspiré du symbole &, reflète cette vocation de lien et d’union.
Le sigle &, connu sous le nom d’esperluette, est issu de la ligature latine des lettres e et t du mot « et » (& & &). Son usage remonte à l’Antiquité, où il servait à relier les idées et les mots. Au fil du temps, il a été adopté dans différentes langues et cultures comme un symbole de continuité et d’association. Son nom en français, « esperluette », vient d’une déformation de l’ancienne expression et per se et, qui signifiait « c’est pour le et ». Il était prononcé en fin d’alphabet par les écoliers. Ce symbole, chargé d’histoire, trouve une résonance particulière dans le projet de l’Esperluette, vecteur d’occasions de tisser des liens et de redonner du sens à l’ensemble de nos relations.
Le & du logo incarne donc l’idée de lien et de connexion, mais il porte également un message spirituel profond. En effet, une croix se dessine avec évidence, faisant écho à la figure du Christ, qui, par sa vie, sa mort et sa résurrection, a rétabli le lien entre Dieu et l’humanité. Ce symbole central rappelle que toute connexion véritable prend sa source dans cette relation fondamentale avec Dieu. Les couleurs choisies pour cette croix sont un mélange de vert et de bleu, évoquant respectivement l’espérance et la nature d’une part, le ciel et l’infini d’autre part. Cette palette harmonieuse invite à un voyage intérieur, entre enracinement et élévation.
L’apostrophe, en reprenant la couleur bleu-vert, unit visuellement le logo au nom l’Esperluette et fait écho à sa vocation première, qui elle aussi est de relier. Elle devient un pont subtil entre le signe graphique et le message porté par le projet.
Enfin, le mot « L’Esperluette » vient se poser délicatement sur la fin du &, lui conférant un effet de support, une stabilité qui rappelle la solidité et la sérénité du lieu d’accueil. Ce positionnement apporte une touche d’originalité et affirme la singularité du projet.
L’Esperluette se veut un refuge, un lieu et des rencontres où l’on prend le temps de prier, de respirer, de réfléchir et de se recentrer. Que ce soit pour une pause spirituelle, une retraite personnelle, un moment de partage en communauté, un temps de formation, l’Esperluette invite chacun à s’arrêter, à écouter et à se laisser renouveler dans la présence de Dieu. Dans cette démarche, la croix au cœur du symbole rappelle l’amour du Christ, qui relie le ciel et la terre, et ouvre un chemin de vie, d’espérance et de communion.
L’Esperluette, c’est où ?
Situé sur la commune de Mars (en Ardèche), en bord de rivière (le Lignon du Velay), limitrophe du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire), et entouré de six hectares de prairies et de bois, le hameau de Callon (son nom géographique et historique) est composé d’une maison d’habitation, d’un gîte, d’un mazet, d’un moulin, de deux granges (à rénover) et d’un fournil.
Isolé en pleine nature, le hameau est propice à la tranquillité, à la méditation, au silence, à une vie simple, en communion avec la nature. La petite route qui y mène s’y arrête et se transforme en sentiers de randonnée… comme une invitation à se (re)poser, ralentir et s’ouvrir à des chemins intérieurs. Située à quelque 1000 mètres d’altitude, la propriété offre une diversité d’environnements : des sapins majestueux sont les remparts du hameau ; le Callon (le ruisseau qui a donné son nom au hameau) dévale sa pente ; genêts, fougères et myrtilles tapissent la forêt ; une petite plage borde le Lignon ; les animaux de la forêt se laissent furtivement croiser… bref, tout invite à la contemplation. On y vit les quatre saisons, avec le calme et la blancheur de la neige en hiver, le renouveau du printemps, de belles journées estivales aux nuits toujours fraîches, et un automne que la variété des arbres rend multicolore.
Une partie de l’habitat est rénové ou en état d’accueillir, mais des travaux devront être faits pour élargir la capacité d’accueil… notamment dans une des granges. L’autre grange a vocation à devenir une chapelle ; ce sera d’ailleurs l’un des premiers chantiers, comme un symbole des priorités du projet. Parmi les autres intentions qui ne tarderont pas, la création d’un potager, d’un poulailler, une cabane-ermitage… »
Le « plateau du Lignon », sur lequel se situe Callon, est un lieu chargé d’histoire, notamment pour le protestantisme puisque de nombreuses églises et communautés s’y sont développées au cours du temps. L’histoire a pris une tournure particulière pendant la seconde guerre mondiale lorsqu’à l’initiative de deux pasteurs, un réseau de résistance y a vu le jour et a contribué à prendre soin et sauver de nombreux enfants juifs, ce qu’a raconté le film « La colline aux mille enfants ». Le hameau de Callon fut l’une de ces fermes refuges.

L’Esperluette, c’est qui ?
L’Esperluette est une initiative d’Emilie et Gabriel Monet. Ils ont en commun d’avoir tous deux été professeurs de théologie. Pourtant, leurs parcours, bien que convergents, sont aussi singuliers.
Émilie Monet (née Escure-Delpeuch) a d’abord suivi des études de théâtre, dirigeant ensuite une compagnie pendant plusieurs années. C’est alors qu’elle s’ouvre à la foi protestante et change d’orientation, entame des études de théologie, se passionnant particulièrement pour les langues bibliques et la patristique. Engagée dans une vie spirituelle d’inspiration monastique, elle explore divers ministères — paroissial, enseignement — tout en poursuivant une thèse de doctorat. Son long engagement au sein du lieu de retraite spirituelle « Les Abeillères » l’a conduite à en assurer la responsabilité pendant deux ans. Elle est ensuite appelée à enseigner le Nouveau Testament et la spiritualité en faculté de théologie, ce qui marque son entrée dans le professorat.
Gabriel Monet a, pour sa part, répondu jeune à une vocation pastorale, exerçant la fonction de pasteur pendant 14 ans, d’abord en Église, puis en tant que responsable jeunesse et enfin comme planteur d’Église. Il est alors appelé à enseigner la théologie pratique, ce qu’il fait depuis 18 ans. Son rôle d’enseignant-chercheur s’est élargi à la fonction de doyen pendant quelques années, mais aussi à diverses collaborations dans différentes facultés et de nombreuses contributions au service des Églises. Son expérience de terrain, conjuguée à ses recherches et publications sur les nouvelles formes d’Église et les évolutions du croire, nourrit sa réflexion et alimente son engagement dans ce projet.
Pourquoi deux professeurs de théologie ont-ils osé quitter des fonctions établies et s’engager dans une telle aventure ? Parce qu’ils sont tous deux convaincus qu’un lieu de ce type répond à un besoin réel de nos contemporains. Parce qu’un tel projet est complémentaire de ce qui peut être vécu en Église ou dans les lieux traditionnels de formation théologique. Bien sûr, cela demande de l’audace et comporte une part de risque. Mais pour Émilie comme pour Gabriel, l’appel est clair et la conviction profonde.


